La première étude qui détecta la présence de médicaments dans l'eau date de 1976. Les tests eurent lieu aux Etats-Unis.
Durant une bonne quinzaine d'années, ce fut le silence. Et puis, en 1992, des chercheurs allemands ont identifié dans l'eau de l'acide clofibrique (CA), médicament utilisé contre le cholestérol et proche parent de certains herbicides. Depuis, en Allemagne, Suède, Danemark, des chercheurs ont mesuré régulièrement les taux de CA et d'autres médicaments dans les lacs, rivières, ainsi que dans la mer du Nord, le Pô (Italie) et le Danube. La mer du Nord tout entière, dans laquelle nous pêchons le bon poisson frais de nos repas, contient, partout, des quantités mesurables de CA (de 48 à 96 tonnes selon les estimations). Plus inquiétant, on a trouvé dans l'eau du robinet, à Berlin, des concentrations de CA importantes et non négligeables.
Les eaux de surface, les eaux souterraines et l'eau du robinet sont aussi polluées par d'autres médicaments à usage humain ou animal : antibiotiques, hormones, tranquillisants, produits utilisés dans la chimiothérapie de cancers... Ces produits sont rejetés dans l'environnement par les chasse-d'eau, le tout à l'égout...
Selon les chercheurs allemands, dans n'importe quel échantillon d'eau, on peut retrouver de 30 à 40 sortes de médicaments lorsque l'on prend soin de faire une analyse sérieuse.
La pollution par les médicaments n'est pas sans conséquences. Si certains médicaments ne présentent pas grand risque ("il faudrait boire un milliard de litres d'eau du Rhin pour absorber l'équivalent d'un comprimé d'aspirine" par exemple), d'autres entrent dans la chaîne alimentaire où ils se concentrent de plus en plus. Le risque est alors grand pour certaines espèces animales : "il y a aujourd'hui une modification du ratio mâle-femelle dans les populations de poissons de rivières" souligne Claude Champredon de "France Nature et Environnement". Les hommes ne sont pas épargnés puisque "on retrouve des traces de tous les médicaments dans l'eau du robinet, dit Jean-Marie Haguenoer, et il est certain que, en ce qui concerne les antibiotiques, ce phénomène a un effet sur la résistance des bactéries aux médicaments".
Le problème, c'est que les stations d'épuration classiques ne sont pas conçues pour traiter ces traces de médicaments. Alors que faire ? Recycler les médicaments et limiter leur usage au strict nécessaire. Mais aussi améliorer les systèmes d'épuration, et cela, "ça a un prix. Et il faudra convaincre le contribuable de payer" ("France Nature Environnement").
Elodie W. et Magali.
Bibliographie :
20 minutes, édition de Strasbourg, n° 1722, mardi 24 novembre 2009. [les citations de notre article sont tirées de ce quotidien).
archives du journal Le Monde
http://www.aci-multimedia.net/bio/eau_polluee.htm
zurbains.com
Sur le sujet, voir aussi le documentaire "Du poison dans l'eau du robinet" diffusé le lundi 17 mai 2010 à 20 h 35 sur France 3.
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